10  Discussion

10.1 Hôpital de jour

Nous constatons que pour certains patients, les arthroplasties de la hanche sont déjà réalisées en hospitalisation de jour. A partir du 1er janvier 2023, une arthroplastie de la hanche avec une prothèse fémorale ou une arthroplastie de la hanche avec une prothèse totale figure sur la liste A de l’arrêté royal du 25/04/2002, permettant le financement de ce type d’intervention via l’hospitalisation de jour.

Les hôpitaux indiquent qu’il existe des facteurs qui limitent la transition de ce type d’intervention de l’admission classique vers l’hospitalisation de jour. Ce ne sont ni les techniques chirurgicales ni les techniques d’anesthésie qui limitent cette évolution (Gong et al. 2022). En effet, outre les facteurs liés aux patients, les hôpitaux mentionnent des facteurs comme les infrastructures : capacité de l’hôpital de jour chirurgical et organisation du bloc opératoire. Il est également nécessaire d’offrir une formation continue suffisante au personnel de l’hôpital de jour.

La réalisation d’une arthroplastie de la hanche en hospitalisation de jour nécessite de développer davantage les soins transmuraux pour le patient. Pour contacter le patient le lendemain de l’opération, afin de détecter à temps les complications aiguës, il est nécessaire de renforcer le personnel et de le former. Le fonctionnement actuel permet à 22 % des patients de recevoir de la kinésithérapie au plus tard le jour de l’opération. Il est important que le patient reçoive une séance d’information de la part du kinésithérapeute avant sa sortie. La réadmission facilitée des patients présentant des complications postopératoires devrait également être possible.

Nous voudrions souligner l’importance cruciale d’informer le médecin généraliste suffisamment rapidement par le biais d’une lettre de sortie de qualité. Les informations sur la gestion de la douleur et la kinésithérapie doivent être suffisamment détaillées. Pour les interventions en hospitalisation de jour, il est également important que le médecin généraliste soit informé du retour à domicile ou de la nécessité d’une revalidation plus importante.

10.2 Qualité

10.2.1 Introduction

Les patients sont des partenaires actifs dans l’amélioration des soins. Cela est reflété, entre autres, dans la loi sur les droits des patients, mais également dans l’utilisation d’outils de mesure validés pour enregistrer la qualité des soins fournis.

10.2.2 Expérience patient

La plupart des hôpitaux mesurent la satisfaction des patients par le biais d’enquêtes au niveau des services, en se concentrant sur la satisfaction subjective.

Pour évaluer objectivement la qualité des soins après une arthroplastie de la hanche, des outils de mesure plus spécifiques ont été mis au point. L’Oxford Hip Score et le Hip Disability Outcome Score, comme le Harris Hip Score, sont des outils de mesure validés. Leur utilisation peut aider le médecin et le patient à prendre des décisions concernant les soins et permet d’objectiver les outcomes au niveau national et international.

10.2.3 Consentement éclairé

Dans la partie consacrée aux soins infirmiers, nous examinons de manière plus approfondie les informations que le patient reçoit préalablement à l’intervention planifiée. Nous avons récolté des données à ce sujet à la fois par l’enquête en ligne et lors des visites sur place.

Dans les 30 hôpitaux que nous avons visités, nous avons également étudié les modalités de gestion du consentement éclairé. Nous avons constaté que les médecins enregistrent le consentement éclairé de différentes manières. Il s’agit notamment des informations données individuellement au patient lors des consultations. Les hôpitaux qui proposent des séances d’information structurées en groupe les organisent très librement et n’enregistrent pas les participants.

Nous reprenons ci-dessous les obligations légales en Belgique en matière de consentement éclairé.

10.2.3.1 Cadre juridique du consentement éclairé

Le consentement éclairé est prévu à l’article 8 de la loi du 22 août 2002 relative aux droits des patients (loi sur les droits des patients).

“Le patient a le droit de consentir librement à toute intervention du praticien professionnel moyennant information préalable”.

Selon l’article 7 § 1 de cette loi, pour donner un consentement éclairé, le patient a le droit de recevoir du prestataire de soins de santé toutes les informations pertinentes communiquées de manière compréhensible.

“Le patient a droit, de la part du praticien professionnel, à toutes les informations qui le concernent et peuvent lui être nécessaires pour comprendre son état de santé et son évolution probable ”.

Plus particulièrement axée sur les soins entourant la pose d’une prothèse de hanche, qui est une intervention du professionnel, l’information visée à l’article 8, §2 de la loi sur les droits des patients concerne ” l’objectif, la nature, le degré d’urgence, la durée, la fréquence, les contre-indications, effets secondaires et risques inhérents à l’intervention et pertinents pour le patient, les soins de suivi, les alternatives possibles et les répercussions financières “.

Ces informations doivent être communiquées dans un langage clair et compréhensible. Pour parler de consentement “éclairé”, il faut vérifier si le patient a reçu et compris l’information.

Cela implique que, même si l’information peut être donnée en grande partie par écrit, une certaine communication verbale entre le professionnel et le patient est toujours nécessaire.

Étant donné que le groupe cible des patients pour la pose d’une prothèse de hanche comprend principalement des patients âgés de 60 ans et plus, il est important de tenir compte de la fragilité éventuelle du patient et d’adapter le traitement des informations en conséquence. Dans les cas où le patient a une capacité de décision réduite, les audits sur place ont montré que le médecin demande le consentement éclairé de son entourage (famille ou représentant légal) dans la majorité des hôpitaux.

Dans un contexte médical d’urgence (par exemple une fracture fémorale), il y a deux aspects à prendre en compte :

  • même dans un contexte d’urgence, le patient a le droit de recevoir des informations pertinentes et de les comprendre. C’est particulièrement le cas lors d’une opération de remplacement de la hanche lorsqu’un patient est admis aux urgences pour une fracture du col du fémur.
  • un patient peut ne pas être conscient, ce qui signifie qu’il ne peut y avoir de consentement “préalable”. Toutefois, le consentement “préalable” ne signifie pas qu’aucune mesure ne peut être prise en cas d’urgence. Ceci est décrit à l’article 8 §5 : lorsque, dans un cas d’urgence, il y a incertitude quant à l’existence ou non d’une volonté exprimée au préalable par le patient ou son représentant visé au chapitre IV, toute intervention nécessaire est pratiquée immédiatement par le praticien professionnel dans l’intérêt du patient. Le praticien professionnel en fait mention dans le dossier du patient.

A la demande du patient ou du praticien professionnel et avec l’accord du praticien professionnel ou du patient, le consentement est fixé par écrit et ajouté dans le dossier du patient (Article 8 &1). En ce sens, la présence de la note de consentement éclairé n’est pas toujours une obligation. Le principe du consentement éclairé est que le patient a reçu et compris les informations sur l’évolution de son état de santé et les informations pertinentes pour l’intervention prévue par le professionnel.

Étant donné que l’arthroplastie de la hanche et l’anesthésie sont toutes deux des interventions d’un professionnel, le patient a le droit d’être informé et de donner son consentement éclairé pour les interventions de ces deux professionnels.

10.2.4 Mesures de qualité

L’enquête auprès des hôpitaux belges montre que les indicateurs de qualité sont rarement enregistrés et analysés spécifiquement en ce qui concerne les résultats de la pose de prothèses de hanche.

Nous constatons que les chirurgiens implanteurs adoptent une approche très individuelle de la prise en charge des patients en organisant des discussions de cas pro- et rétrospectives lors des réunions de service.

L’enregistrement électronique des temps de transfert entre les différents services permet de calculer et d’évaluer en continu le délai entre l’admission aux urgences pour une fracture de la hanche et le moment de l’intervention chirurgicale avec pose d’une prothèse de hanche. Certains des hôpitaux visités l’ont déjà fait temporairement dans le cadre d’un projet mais cette analyse n’est pas effectuée en continu pour évaluer la qualité des soins fournis.

De même, l’enregistrement des données dans Orthopride avec la publication d’un rapport annuel ne conduit pas à une analyse des soins fournis par l’hôpital en se comparant à ces données nationales.